vendredi 21 septembre 2007

Le Japon fermé et l'interprétation du regard fuyant


Les faits

Le Japon a été pratiquement fermé au monde entier de 1640 à 1853 (ère Edo). Aucun étranger n'est admis sur son sol, sous peine de mort. Le Japon entretient des relations diplomatiques avec la Corée et des échanges commerciaux avec la Chine et la Hollande. C'est tout. Les études hollandaises sont les seuls écrits scientifiques européens à ne pas être censurés.

C'est le commodre (64) Perry, à la tête d'une flotte de baleiniers demande au Japon de leur offrir un port d'accueil pour se ravitailler. Il réussit. Le Japon s'ouvre à nouveau sur le monde. Grâce aux études hollandaires, il n'est pas reculé par le tonnerre. Il se débrouille même plutôt bien. Il devient même une super-puissance; rival direct des États-Unis après la Première Guerre. Après la Seconde Guerre, le Japon est sous la tutelle exclusive des États-Unis. Il est aujourd'hui plus indépendant mais a tout de même une relation particulière avec les États-Unis.

(En passant, ces informations viennent de ma lecture de Un autre Japon de Niels Planel (merci papa!) un Français, étudiant en journalisme, qui est venu faire des stages au Japon. Très enrichissant.

Encore aujourd'hui, le Japon reçoit très peu d'immigrants. Juste pour vous donner une idée, le Japon a, officiellement accepté 315 demandes d'asile de 1982 à 2003 (comparativement à environ 25 000 par an(!) pour le Canada depuis 1997) et a accueilli environ 15 000 nouveau résidents en 2000, contre 214 000 pour le Canada.
Le Japon reçoit environ 6 millions de touristes par année, contre environ 18 millions au Canada (4 étrangers et 14 américains).
Ça vous donne une idée.


Mes observations

Au Québec, dans les université, la majorité des livres sont en anglais. On peut toujours trouver des revues et livres anglophones partout. Tout le monde ou presque parle ou comprend l'anglais (j'exclus Bégin ici). Ici, toute la documentation est en japonais. Il y a des revues et des livres partout, épiceries, dépanneurs, cafés; impossible de trouver quoique ce soit en anglais, sauf dans un gigamégamagasin de 8 étages à Tokyo. Je côtoie des livres en anglais au travail uniquement parce qu'il y a plusieurs stagiaires et qu'ils ont besoin de livres de référence et que c'est plus simple d'avoir des livres en anglais pour tout le monde.

Important à noter, je n'ai pas vérifié si les livres en japonais qu'ils ont sont des traductions ou des originaux. Ce serait intéressant à savoir.

Évidemment, pratiquement personne ne parle anglais. C'est possible de se faire vaguement comprendre par la police et par les gens travaillant aux centres d'information, quoique pas tout le temps. Aucune idée si les jeunes Japonais, qui étudient au Japon suivent des cours d'anglais.
Le comble? Même les gens qui travaillent dans les cafés internet ne comprennent que dalle!!! Pourtant, ailleurs dans la monde, si tu veux trouver quelqu'un qui parle anglais, c'est bien là!


Le regard fuyant maintenant

C'est simple, le Japonais moyen a jamais vu d'étranger. Il n'est probablement jamais sorti du Japon (des suppositions ici, ceux que je côtoie ne sont pas vraiment des Japonais moyens).

N'importe où je suis allé, on ne se comprends pas, on se parle en (ici exemple de la Pologne, parce que c'était le running gag) : anglo-franco-polono-mime. Tout le monde t'aide. C'est sûr que tu pars de n'importe quelle discussion avec une réponse, même partielle. Pas un regard fuyant stupide! Les mots ne marchent pas, un des deux va sortir un papier, va jouer une petite game de fait moi un dessin et ça va se terminer par un grand sourire des deux parties, une phrase incompréhensible du "lôcal" pis un "merci" baragouiné dans la langue locale pour l'autre. Pas ici. Tu continues à chercher ce que tu voulais ou tu cherches quelqu'un qui comprends un tantinet plus l'anglais.

Pour le français, oubliez ça. Sauf pour la sympathique vieille dame, qui avait appris le français, en France, il y a 25 ans et qui ne l'avait pas parlé depuis, qui nous a accostés, mon frère et moi à un concert. Charmante, rieuse. Un remontant! C'est juste après ça qu'on a volé 2 verres du Tokyo Opera City.

Pas de commentaire